La vie de consécration évidente des compagnons de Paul

La vie de consécration évidente des compagnons de Paul

Dr Peter Masters

Sept des compagnons d’œuvre les plus remarquables de l’apôtre Paul sont cités dans son épître aux Romains : ce qu’ils ont fait, les risques qu’ils ont pris, combien ils ont souffert et leur œuvre si distinctive.

 

Vers la fin de l’épître de Paul aux Colossiens, écrite lors de son premier emprisonnement à Rome, l’apôtre cite les noms de sept hommes qui l’assistaient à cette époque. La vie de ces hommes nous montre ce qu’est la vie spirituelle, et continue jusqu’à ce jour à nous lancer un défi et à nous encourager. Ils n’étaient pas les seuls compagnons d’œuvre de Paul, car des pasteurs aussi remarquables que Timothée et Tite n’apparaissent pas dans cette liste, mais les « sept Romains » cités ont beaucoup à nous enseigner. Dans cet article, nous allons associer un qualificatif destiné à cerner ce qui caractérise chacun d’entre eux.

           

 

Les deux premiers étaient porteurs de la lettre, Tychique étant le plus âgé des deux. Paul écrit à son sujet : « Tychique, le bien-aimé frère et le fidèle ministre, mon compagnon de service dans le Seigneur, vous communiquera tout ce qui me concerne » (Colossiens 4:7). Quel terme distinctif pouvons-nous donner à ce natif d’Éphèse, un compagnon de voyage de longue date de l’apôtre, qui était engagé dans la prédication, l’évangélisation et dans bien d’autres obligations encore ? Le qualificatif qui lui convient le mieux est certainement celui de serviteur. Tychique avait accompagné Paul comme représentant des églises des païens pour apporter une grande offrande de secours des croyants à Jérusalem. Il est allé avec Paul au moins jusqu’à Milet avec lui. Il fut celui qui apportera la lettre destinée aux Éphésiens et il est possible qu’il ait aussi été porteur de la deuxième lettre aux Corinthiens (accompagné par Tite). Il fut envoyé par Paul en Crète pour servir à côté de Tite, et aussi à Éphèse, et probablement pour remplacer Timothée. Tychique fut un membre de la première équipe de prédicateurs qui avaient risqué leur vie avec Paul lors de son troisième voyage missionnaire et, maintenant, il l’envoya à Colosses portant à l’église les instructions de l’apôtre en prison.

           

 

Voici comment Paul le décrit : « un frère bien-aimé » (verset 7). L’apôtre avait pour lui une très grande affection. Son caractère, sa façon de vivre et son amour pour Christ l’ont fait gagner le cœur de Paul. Il manifesta un très grand souci pour l’œuvre et la santé de Paul, étant sensible à ses besoins et y répondant autant qu’il le pouvait. Le fait d’être décrit par Paul comme « un frère bien-aimé » indique qu’il s’agit d’une personne dont la bonté et l’amitié sont totalement désintéressées. Il ressort de ce récit que rien n’était trop grand pour Tychique. Un esprit de service était la caractéristique la plus importante de sa vie.

           

 

L’apôtre continue en le qualifiant de « fidèle ministre », parce qu’il se souciait des autres. C’était un prédicateur à coup sûr, mais aussi quelqu’un qui encourageait et exhortait personnellement, exerçant un grand ministère de consolation et d’exhortation. Il avait à cœur les croyants. Être « fidèle » signifie aussi qu’il était loyal à la Parole, l’homme idéal pour être envoyé à Colosses à l’époque où les hérétiques frappaient déjà à la porte. Il enseignait la vérité de façon exacte et entière, comme quelqu’un d’entièrement attaché à la mission importante qui lui était confiée.

           

 

Et, comme si ces recommandations ne suffisaient pas, Paul l’appelle un « compagnon de service dans le Seigneur », un terme riche de sens. En premier lieu, il le dépeint comme un collègue, un membre d’une équipe. Tychique en dépit de toutes ses forces et capacités n’était pas un individualiste courant après sa propre réputation et sa propre gloire. Il était heureux d’assister l’apôtre et de travailler sans la moindre réserve avec d’autres. Il se donnait lui-même au ministère comme un serviteur diligent ou un esclave (dans le grec). Un esclave était la propriété de son maître et répondait à ses demandes et à ses besoins à toute heure du jour. Tel était l’état d’esprit de Tychique en tant que serviteur de Christ. Il voulait faire tout ce qui lui était demandé. Paul ne parle pas de lui comme un serviteur personnel, mais comme un « compagnon de service dans le Seigneur ». Il était prêt à tout faire pour le bien du ministère.

           

 

Tychique allait visiter Colosses. Il « vous communiquera tout ce qui me concerne », dit Paul, les informer de sa situation et aussi pour qu’il « console [leurs] cœurs », c’est-à-dire pour les encourager. Tychique allait partager leurs épreuves, participer à leurs opportunités et faire tout ce qu’il pourrait pour aider. Il allait, bien sûr, prêcher Christ, l’exalter, enseigner des choses merveilleuses et les encourager dans la mission. Inévitablement, il allait parler de la gloire éternelle. Si leurs circonstances étaient difficiles, il dirigerait leurs pensées vers la grande maison éternelle à venir. Il n’y avait personne de plus qualifié que Tychique pour une telle mission, un frère qui était totalement à la disposition du Seigneur, fidèle à la Parole et fidèle aux croyants. Mais de telles caractéristiques devraient aussi se rencontrer chez chacun de nous, car tel est le projet de l’œuvre de Dieu dans nos cœurs. Sommes-nous des serviteurs, totalement à la disposition de Christ, ou bien courons-nous après des intérêts terrestres ? Tychique, un des proches compagnons de Paul, est un modèle d’amour généreux pour Christ, ce qui devrait être le grand but de nos vies. Bien entendu, il faut dire que Paul devait être naturellement attiré vers cette équipe de proches collaborateurs qui étaient des gens comme lui, et qui étaient inspirés par sa vie. Si ceux d’entre nous qui ont un ministère étaient davantage comme l’apôtre Paul, nous rassemblerions naturellement des collaborateurs ayant le même état d’esprit dans nos églises.

           

 

Le nom suivant est celui de : « Onésime, le fidèle et bien-aimé frère, qui est des vôtres ». La plupart des lecteurs connaissent Onésime, dont le caractère distinctif devrait être un trophée de la grâce. Un esclave de Philémon, homme riche de Colosses, converti par la prédication de Paul. Onésime avait dérobé de l’argent à son maître avant des s’enfuir à Rome. Le moment venu, d’une manière ou d’une autre, il est entré en contact avec des chrétiens et avec Paul. Ayant trouvé le Seigneur, il avait été totalement changé. Maintenant, il revient à Philémon et à l’église de Colosses, non plus comme un voleur et un fugitif, mais comme serviteur de Dieu. Il était maintenant un « fidèle et bien-aimé frère », un croyant mûr au caractère solide et auquel on pouvait faire entièrement confiance.

           

 

Sommes-nous des trophées de la grâce ? Avons-nous été réellement changés ? Il y a des personnes qui disent qu’elles sont venues au Seigneur, mais vous ne pouvez pas vraiment les appeler des trophées de la grâce parce qu’elles ne sont pas si différentes de ce qu’elles étaient auparavant. Elles ne semblent pas avoir un nouvel esprit et un nouveau cœur, entièrement donnés au Seigneur, à l’adoration de Sa personne et consacrée à Son œuvre. Elles en sont encore à profiter et à tirer leur plaisir des choses de ce monde. Onésime pouvait repartir comme un jeune homme entièrement transformé et chaque converti soupire après cela. Nous sommes-nous vraiment repentis du péché, avons-nous cherché Christ, nous sommes-nous confiés dans Son œuvre au Calvaire et Lui avons-nous sincèrement remis nos vies ? C’est seulement ainsi que nous pouvons être considérés comme des trophées de la grâce, avec de nouvelles motivations et de nouveaux désirs dans la vie. Puisse chaque lecteur être de la lignée spirituelle d’Onésime – un trophée de la grâce !

           

 

Le troisième compagnon de Paul nommé ici devait rester à Rome, mais il envoie ses salutations : « Aristarque… vous salue » (le mot grec signifie « embrasser »). Il envoie ses plus affectueuses salutations. Aristarque était un Macédonien, natif de Thessalonique et nous lui attribuerons le « label » de sacrificiel. Il semble qu’il faille le considérer comme le premier d’un groupe de trois assistants juifs nommés ici. Il a été une fois violemment pris à partie par une foule en colère à Éphèse en même temps que Paul (et Gaïus). Il était avec l’apôtre lors de son troisième voyage missionnaire et il était prisonnier avec lui lors du « périlleux voyage » qui s’acheva par un naufrage. Aristarque est un compagnon très notable de Paul. Ici il est appelé « mon compagnon de captivité », ce qui est à la fois intéressant et légèrement troublant. Il avait été arrêté avec Paul à Éphèse, mais cette arrestation ne dura pas. Il a dû ensuite être, sans doute, traité comme prisonnier (quoiqu’il ne fût point sous arrestation) lors du voyage périlleux. Mais Paul veut clairement dire qu’il était prisonnier avec lui à Rome et c’est là le point qui prête à confusion.

           

 

Dans la lettre à Philémon, Épaphras est appelé compagnon de captivité, alors qu’Aristarque ne l’est pas. Ici dans l’épître aux Colossiens, Aristarque est appelé compagnon de captivité et Épaphras ne l’est pas. Comme les lettres aux Colossiens et à Philémon furent envoyées à la même époque, le mystère s’épaissit. La solution la plus probable est qu’Aristarque et Épaphras alternèrent comme prisonniers volontaires. Chacun à son tour, ils acceptèrent d’être liés comme Paul dans sa cellule et d’être traités exactement de la même manière. Rester avec Paul dans la maison qu’il avait louée lors de son premier emprisonnement ne permettait pas une totale liberté, parce que le compagnon aurait pu maîtriser le soldat de garde et libérer le prisonnier. Pour partager le ministère de Paul par la prière et l’écriture, pour des raisons de sécurité, vous auriez dû porter les mêmes chaînes et être traités comme un prisonnier de la Rome impériale. Aristarque, semble-t-il, était un de ceux qui étaient préparés à partager les souffrances de Paul.

           

 

Le mot rendu par « prisonnier » signifie prisonnier de guerre. Paul semble vouloir nous rappeler que lui et Aristarque n’étaient pas en prison comme criminels, mais comme des captifs dans la guerre du monde contre Christ et l’Évangile. Un prisonnier de guerre jouit d’un honneur spécial aux yeux de sa propre nation, et Aristarque, avec Paul, pouvait porter ce titre d’honneur comme combattant dans la grande bataille pour les âmes. Il mérite l’épithète – sacrificiel.

           

 

Y a-t-il en nous quelque chose d’Aristarque ? Disons-nous : « Ma carrière est pour Christ et non pour moi. Si je ne peux m’élever dans le monde sans abandonner mon service pour Lui, je ne le ferai à aucun prix » ? Il est sûr que certains croyants sont rendus capables par le Seigneur de monter au sommet de la société et de Le servir, le Seigneur leur ouvrant de grandes occasions de témoignage pour Lui. Mais cela ne peut qu’être l’initiative du Seigneur. La règle pour nous est de vouloir accepter une situation modeste dans la vie, si nécessaire, pour nous consacrer avant tout à Christ.

           

 

Un autre assistant de Paul, bien connu à cette époque, était « Marc, le fils de la sœur de Barnabas », plus connu de nous sous le nom de Jean Marc (verset 10). Quel terme descriptif attribuer à Jean Marc ? Incontestablement celui de vainqueur. Environ 12 à 14 ans auparavant, il lui avait été accordé le privilège de servir avec Paul et Barnabas en voyageant, prêchant et implantant des églises. Mais, en Pamphylie, il abandonna le groupe et retourna chez lui à Jérusalem. Pourquoi le fit-il ? Plusieurs pensent qu’il fut effrayé en Pamphylie et qu’il était quelque peu mou et peu digne de confiance. Il recula face aux menaces de persécution et de mauvais traitements. Quoique doté de la force physique et de l’énergie de la jeunesse, il n’avait pas encore développé le courage et la persévérance. Sa désertion fut si sérieuse, que Paul n’a plus voulu le reprendre avec lui lors de son prochain voyage missionnaire, occasionnant une grande offense à Barnabas, de sorte que ce dernier prit Marc avec lui et alla son propre chemin.

           

 

Avec le temps, toutefois, Marc surmonta ses faiblesses et devint un serviteur de Christ capable de conduire les autres, sans doute en grande partie grâce à la ferme position prise jadis par Paul. Après une douzaine d’années ou plus nous voyons sa remarquable transformation. Il travailla sur lui-même, vainquit son manque de persévérance. Nous le voyons maintenant comme un vainqueur, un conquérant. Il est évident qu’il s’était depuis longtemps repenti de sa première défaillance et avait placé ses faiblesses et ses vulnérabilités devant le Seigneur, qui Lui avait donné le caractère et la force de persévérer. Depuis là, il était allé de progrès en progrès, devenant un instrument pour la rédaction de l’Évangile qui porte son nom et qui est réellement l’Évangile de Pierre, dont il s’est fait le secrétaire.

           

 

Nous devons, assurément, nous demander : qu’en est-il de nous ? Est-ce que l’ancien Jean Marc nous décrit ? Sommes-nous de ceux qui se consacrent pour cinq minutes au Seigneur – nous engageant dans des entreprises qui meurent aussi vite qu’elles naissent ? Sommes-nous de ceux qui vont d’une activité à une autre avec enthousiasme, mais qui se montrent instables et pas fiables ? Avons-nous tout un ensemble de promesses faites à Dieu et non tenues ? L’exemple de victoire sur soi de Marc nous dit que nous pouvons vaincre nos tendances par la puissance de Christ. Si vous êtes un jeune, touché par Dieu avec le désir de le servir avec zèle, mais que vous vous trouvez aisément distrait et détourné de votre but, ne courez pas à la catastrophe comme Marc avant d’avoir découvert le besoin de crier à Dieu pour qu’Il vous fortifie et vous rende inébranlable. Recherchez une plus grande maturité et une plus grande fermeté et l’Esprit va vous rendre capable de vous vaincre et de vous maîtriser vous-même, de sorte que vous serez cohérent et digne de confiance. Il est très encouragement pour nous de voir que Marc figure dans la liste que Paul dresse de ses soutiens bien-aimés. Nous pouvons tous devenir des conquérants pour le service de Christ.

           

 

Un autre des assistants de Paul était « Jésus [Josué], qui est appelé Justus », et qui comme Marc et Aristarque était un Juif. Paul dit qu’ils sont : « les seuls qui aient travaillé avec moi pour le royaume de Dieu, et qui aient été pour moi une consolation ». Cela ne veut pas dire que ces trois étaient ses seuls compagnons d’œuvre, mais qu’ils étaient les seuls Juifs parmi ses compagnons dans l’œuvre de l’Évangile. Nous disons compagnons dans l’œuvre de l’Évangile parce que c’est ce qu’indique la formule : « pour le royaume de Dieu. » Ils étaient ses collaborateurs pour la construction du royaume en gagnant les âmes. Combien est-il intéressant qu’il y avait ces trois évangélistes juifs bien visibles dans une église composée à majorité de croyants d’origine païenne ! La description convient aux trois, mais comme nous ne savons que très peu de choses sur Justus – qui n’est mentionné nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament, nous lui donnerons l’épithète d’évangéliste. C’est un compagnon d’œuvre pour le royaume de Dieu, travaillant à la moisson des âmes.

           

 

Il est touchant d’entendre Paul affirmer que ces trois juifs ont été pour lui un réconfort, ou un grand encouragement. Nous pouvons dire : « Cher Paul, tu es détenu dans les chaînes, mal à l’aise au travers d’énormes souffrances, isolé de ton ministère si largement étendu. Malgré cela, tu n’as pas de plus grande joie que d’entendre parler de l’œuvre des évangélistes ». Si seulement nous avions tous cette disposition spirituelle de pensée et étions sur la même longueur d’onde que le Seigneur ! Il y a là un défi pour nous tous. Lorsque nous avons été sauvés nous témoignions beaucoup. Sommes-nous toujours en train de le faire ? Nous saisissions toute occasion afin de prier pour ceux auxquels nous parlions et nous aussi, nous étions très ardents pour nous joindre aux autres dans les activités pour aller gagner des âmes. Le sommes-nous toujours ? Paul pourrait-il dire de nous : « Celui-ci est un compagnon d’œuvre pour le royaume de Dieu, et il a été une consolation [encouragement] pour moi » ?

           

 

Après Justus, apparaît le nom mieux connu d’Épaphras : « Épaphras, qui est des vôtres [un Colossien], vous salue : serviteur de Jésus Christ… » Qu’est-ce qui distinguait Épaphras ? Il y a quelque chose qui était probablement vrai aussi des autres, mais qui distinguait particulièrement ce frère : c’était un intercesseur. Paul dit qu’il « ne cesse de combattre pour vous dans ses prières ».

           

 

Épaphras avait probablement été converti par le ministère de Paul à Éphèse, après quoi il retourna à Colosses et évangélisa la cité. Pas seulement cette cité, mais il avait apparemment fondé aussi des églises à Laodicée et Hiérapolis. Maintenant il voulait partager la cellule où Paul se trouvait, traité comme un prisonnier, comme Aristarque. Ainsi il priait au côté de Paul. L’apôtre nous fournit des détails sur le contenu des prières d’Épaphras qui travaillait avec ferveur pour les Colossiens et d’autres « afin que, parfaits et pleinement persuadés, vous persistiez dans une entière soumission à la volonté de Dieu ». Le terme « combattre » est très fort dans l’original. Le mot français « agoniser » vient directement du terme grec. Épaphras se souciaient beaucoup des autres, priant pour les individus et leurs situations, afin qu’ils progressent dans la sanctification, la connaissance et le service de Christ, car toutes ces choses sont la « volonté de Dieu ». Cela inclut aussi leur préservation dans la pureté (qu’ils ne cèdent pas à la menace de l’hérésie Colossienne) et que la gloire revienne à Christ au travers du salut des âmes.

           

 

Les prières d’Épaphras n’étaient ni sporadiques ou apathiques, ni seulement occasionnelles et sans engagement de cœur, elles étaient des plaidoyers combattant pour les autres. Il demandait qu’ils deviennent matures et complets dans la volonté de Dieu, ce qui signifie : la volonté de Dieu telle qu’elle est exprimée dans Sa Parole. En d’autres termes, il priait qu’ils puissent saisir clairement la doctrine. Il priait pour eux, sans doute nom par nom, car il les connaissait, et il demandait qu’ils puissent garder leurs devoirs spirituels jour après jour, sans jamais se détourner de la foi. C’était le contenu des prières d’Épaphras. En est-il ainsi avec nous ?

           

 

Paul fait une sorte de serment pour attester la qualité des prières d’Épaphras, disant : « Je lui rends le témoignage... » Il priait comme il le faisait pour trois églises, constamment. Si seulement nous voulions être des intercesseurs de cette qualité, il y aurait probablement beaucoup plus d’églises comme ces trois-là partout dans notre pays. Épaphras les saluait et nous le saluons, lui l’intercesseur !

           

 

Le septième compagnon qui est nommé est Luc, et beaucoup de choses pourraient être dites sur cet homme remarquable ; mais nous allons utiliser un terme de l’Ancien Testament et l’appeler « le porteur d’armes » de l’apôtre Paul, car c’est ce qu’il était. Si souvent à ses côtés, il s’occupait des problèmes de santé très sérieux de l’apôtre. Nous ne savons pas exactement de quelle maladie souffrait Paul, mais nous savons qu’elle était extrêmement pénible, disgracieuse et qu’elle le handicapait énormément. Quoi qu’il en soit, Luc, le médecin bien-aimé, était souvent présent. C’était aussi un prédicateur.

           

 

Luc était un croyant d’origine païenne, né à Antioche de Syrie, certainement un universitaire et quelques références très anciennes faites dans la tradition à son sujet suggèrent qu’il était aussi un artiste très capable. Il existe une très intéressante théorie, mais qu’on ne peut prouver, selon laquelle Luc était allé à l’université avec Saul de Tarse dans cette cité et certains disent qu’Apollos était là aussi, mais pas nécessairement au même moment. Paul et Luc étaient des amis très proches et il est possible que leur amitié ait puisé ses racines dans le fait qu’ils avaient été formés dans la même école. De manière quelque peu audacieuse, certains disent qu’il n’était pas seulement un médecin, mais qu’il avait aussi été en particulier médecin dans la marine ou la flotte. Il est certain que Actes des Apôtres chapitre 27 atteste une remarquable maîtrise des termes nautiques et de l’information maritime.

           

 

La tradition affirme que Luc vécut une très longue vie, mais il parle encore aujourd’hui par l’ Évangile de Luc et les Actes des Apôtres. Le récit nous indique qu’il était toujours prêt à prêcher, servir, veiller sur l’apôtre et, bien sûr, être l’écrivain inspiré d’une partie importante du Nouveau Testament. On ne tarit pas d’éloges à son sujet. Bien qu’il ait été un homme sage et très cultivé (comme l’atteste la qualité du grec qu’il emploie), il était engagé dans le service de la mission apostolique dans tout ce qui était nécessaire. En tant que « porteur d’armes » de Paul, il était avant tout un équipier et c’est le défi que nous présente sa vie. Nous sommes tous membres d’une équipe en tant que membres d’une église. Dans l’idéal, toutes nos capacités et aptitudes sont engagées dans le service du Seigneur, et personne ne devrait se placer au-dessus de quelque autre dans le but de se faire remarquer. Vous pouvez voir comment cela était vérifié pour tous les compagnons de Paul, mais vous relevez cela particulièrement bien dans le long service de Luc.

           

 

Il y a cependant une ombre au tableau avec le prochain compagnon (verset 14), dont nous avons tantôt déplorer la désertion. « Qu’y a-t-il, Paul, au sujet de Démas ? Peux-tu nous dire quelque chose de spécial à son sujet ? » Mais Paul ne prononce aucune recommandation de cet homme. Pour être juste envers lui, il est appelé ailleurs un compagnon d’œuvre, mais à partir de ce passage vous commencez à vous demander si Paul ne sentait pas déjà l’instabilité de Démas et sa chute prochaine, car c’est ce qui arriva. Environ cinq à sept ans après, Paul écrit à Timothée les mots suivants : « car Démas m’a abandonné, par amour pour le siècle présent, et il est parti pour Thessalonique » (2 Timothée 4:10).

           

 

Nous n’avons pas compté Démas parmi les sept qui nous servent d’exemples. Le terme distinctif que nous lui associons est : Démas l’instable. Pourquoi Démas abandonna-t-il son appel ? Était-il un faux converti ? On ne nous le dit pas, mais le discernement de Paul aurait sûrement découvert cela bien avant sa désertion. Plus tôt, il avait été un compagnon digne produisant des bonnes œuvres. Il aimait sans doute Christ, mais il y avait quelque chose de déficient dans sa marche spirituelle et le monde l’avait agrippé par ses attraits.

           

 

C’était probablement un homme très habile qui comprit qu’il pouvait gagner beaucoup d’argent et posséder une belle maison dans un environnement merveilleux en s’engageant dans les ambitions et les opportunités du commerce à Thessalonique. Cela peut arriver à chacun d’entre nous si nous sous-estimons le pouvoir et l’hostilité de Satan, qui veille continuellement afin de trouver des occasions de nous ramener dans le monde. Si nous commençons à tolérer dans nos cœurs des désirs pleins de convoitise, des prétentions personnelles ou des distractions discutables, Satan va stimuler nos pensées pour désirer ces choses de plus en plus et, à la fin, nous détourner de notre premier amour.

           

 

Démas fut happé hors de son service par l’ennemi des âmes, par sa stratégie qui consiste à placer dans nos cœurs le luxe mondain et le désir d’être applaudi. S’il était un vrai croyant il aura certainement été restauré plus tard par la discipline divine pleine de miséricorde, mais il fit défaut dans l’œuvre privilégiée qu’il avait à accomplir. Si, pour ce qui nous concerne, nous pensons trop aux choses du monde, aimant trop les possessions et les activités terrestres ou aspirant à notre propre satisfaction, nous pouvons être mis en garde par Démas, le compagnon de Paul. Même l’homme pieux peut rapidement chuter. Livrons-nous au Seigneur en Lui demandant Sa protection et consacrons-nous de nouveau entièrement à Lui. Puisse le cas de Démas, l’instable, instruire et avertir nos cœurs.

           

 

Ayant nommé sept compagnons dignes, plus Démas, Paul a encore une salutation et une parole pour deux personnes dans les églises de Colosses et Laodicée. L’une est Nymphas, sur lequel nous ne savons rien, si ce n’est le fait qu’une église, quelque part, se réunissait dans sa maison. L’autre est Archippe (qualifié de compagnon de combat dans Philémon). Le message qui lui est adressé est franc et direct : « Et dites à Archippe : Prends garde au ministère que tu as reçu dans le Seigneur, afin de le bien remplir ».

           

 

Qu’avait-il fait, ou qu’aurait-il dû faire qu’il n’a pas fait ? Il est probable qu’Archippe servait comme pasteur dans l’église qui se réunissait dans la maison de Philémon (Philémon 2). Certains voient en lui le fils de Philémon, consacré au ministère de la Parole. Que se passait-il alors avec lui ? Était-il médiocre ? Il est fort probable que c’était quelque chose de cet ordre. Il était clairement un jeune homme sérieux qui aimait le Seigneur et voulait le servir de tout cœur, mais Paul semble dire : « Pourquoi n’avances-tu pas dans cette voie ? » Peut-être ne prêchait-il pas l’Évangile comme il aurait dû, amenant inlassablement les perdus au salut et enseignant les croyants. Quelque chose le distrait, aussi nous l’appellerons Archippe, le distrait.

           

 

Vous voyez cela aujourd’hui, même dans le ministère. Je connais un pasteur très capable qui a écrit un certain nombre de livres édifiants et très longs, alors que son église tombait en lambeaux. Il s’est laissé distraire et avait cessé d’évangéliser. L’écriture prenait toutes ses énergies émotionnelles. Ses domaines de prédilection pouvaient être bons, mais ils lui prenaient énormément de son temps et de son attention, le distrayant de son ministère principal. Je pense aussi à un ou deux pasteurs qui ont été présidents de nombreuses sociétés missionnaires et autres comités, mais qui voyageaient ici et là pour présider telle ou telle importante réunion, laissant, pendant ce temps leur église au seuil de la mort sans la moindre croissance. Ces frères avaient été sains doctrinalement, mais complètement endormis. Peut-être avaient-ils besoin de la parole de l’apôtre pour leur dire : « Prends garde au ministère que tu as reçu dans le Seigneur afin de le bien remplir ».

           

 

Notre mot d’ordre devrait être : les choses principales doivent passer en premier. Il y a beaucoup à faire : il faut gagner les âmes, il faut édifier les croyants et nous devons accomplir ces choses. Je ne parle pas de pasteurs qui sont distraits par les choses pécheresses ou par les choses mondaines, mais de ceux qui ont été distraits par des activités secondaires. Quelque chose d’autre, quelle qu’en soit la valeur, les a intéressés et a attiré leur attention, les détournant de leur sainte vocation. Il n’y a pas longtemps, un  missionnaire me disait qu’il y a une tendance dans certains pays, pour les missionnaires nouvellement arrivés, à implanter des collèges bibliques avant même d’avoir développé une seule église crédible et avant d’avoir ouvert une école du dimanche. Paul dit en fait à Archippe : « Mets les choses premières en premier et avance dans cette direction ».

           

 

Il n’y a pas que les pasteurs qui peuvent être distraits. Il y a des années, j’ai connu un jeune homme qui était manifestement modeste quant à son engagement dans quelque service chrétien que ce soit, mais qui était très occupé à écrire un livre de 500 pages expliquant aux chrétiens la manière dont ils devaient vivre. Les paroles de l’apôtre pour lui auraient certainement été : « Prends garde à ta participation dans la consécration au travail de ton église locale ».

           

 

Sommes-nous distraits par d’autres choses ? Nous entendons dire que certains chrétiens professants passent des semaines à planifier leurs voyages de vacances, plutôt qu’à servir le Seigneur, tandis que d’autres dédient tout leur temps libre à leur maison, à une passion ou au sport. Peut-être que quelqu’un qui lit ces lignes et qui aime sincèrement le Seigneur est en train d’hésiter sur la direction à prendre et a besoin de la même parole : « Prends garde au ministère que tu as reçu dans le Seigneur afin de le bien remplir ». Nous osons croire que cette parole a dû transformer Archippe le distrait et l’a galvanisé pour les années à venir.

           

 

Bien des compagnons de Paul étaient des gens entièrement consacrés et nous pouvons tant apprendre de leur exemple. Pensez à Tychique avec son authentique esprit de serviteur. Oh ! être comme lui : tout pour Christ et entièrement à sa disposition ! Puis pensez à Onésime, un trophée de la grâce : un jeune homme radicalement transformé. Puisse la transformation opérée lors de notre conversion durer et les grâces que nous avons grandir et s’épanouir ! Pensez à Aristarque : tellement sacrificiel. Aujourd’hui, excepté dans les pays de la persécution, on ne nous demande pas de devenir des prisonniers volontaires. Tous nos sacrifices sont tellement plus faciles à faire et nous devrions les faire joyeusement. Pensez à Marc, le vainqueur, qui vainquit sa faiblesse par la puissance du Seigneur. Il y a de l’espoir pour nous, car nous pouvons tous faire des progrès pour Christ. 

           

 

Pensez à Justus l’évangéliste, qui encourageait tant Paul. Que faisons-nous pour Christ, par le moyen du témoignage individuel ou collectif ? Pensez à Épaphras l’intercesseur. Les églises d’aujourd’hui seraient-elles dans un tel déclin si nous lui étions plus semblables ? Et que dire de Luc, le porteur d’armes de Paul, qui en contraste avec toute son érudition et ses capacités, prit volontiers un rôle de soutien et reçut le privilège d’être l’auteur humain de l’Évangile qui porte son nom et du livre des Actes ? Combien nous avons besoin de cette humilité et de cette vision du travail en équipe !

           

 

Seul Démas l’instable a fait faux bond, son expérience nous invitant à nous examiner nous-mêmes. Et, pour finir, Archippe le distrait, un frère sérieux et indubitablement bon, mais quelqu’un qui avait besoin d’être poussé à agir pour remettre de l’ordre dans ses priorités. Les épîtres de Paul sont tellement pastorales que même les salutations sont une bénédiction pour nous, si nous leur accordons notre attention. Et les vues pénétrantes que nous y recevons sur les collaborateurs de Paul sont un défi et une inspiration pour tous ceux qui, au travers des siècles de l’ère de l’Évangile, cherchent à maintenir des vies spirituelles personnelles actives.