L'attirance envers le même sexe est-elle un péché
Dr Peter Masters
« Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise » (Jacques 1:14).
NOUS ENTENDONS SOUVENT dire ceci : « Être tenté n’est pas un péché, mais le fait de succomber à la tentation en est un ». Cette affirmation est incongrue et erronée, car elle est non seulement contraire à de nombreux passages bibliques, mais également aux grandes confessions de foi.
Pour commencer, elle ne fait pas la distinction entre les tentations qui viennent de l’extérieur et celles qui viennent de l’intérieur. Pourtant, faire cette distinction est capital. L’interprétation catholique insiste sur le fait que la tentation elle-même n’engendre pas de péché. Cela n’est vrai que si la tentation vient de l’extérieur et est immédiatement rejetée, mais le problème est que la plupart des tentations nous viennent de l’intérieur et découlent de notre propre nature pécheresse. Les Trente-neuf articles de l’Église Anglicane l’affirment.[1] La Confession de Westminster et la Confession Baptiste le confirment. Et c’est exactement ce que déclarent les Écritures en des passages détaillés tels que Romains 7:20-25 et Jacques 1:14-16.
Ceux qui insistent sur le fait que la tentation n’est jamais pécheresse utilisent, à tort, deux textes, auxquels nous répondons plus loin dans cet article.
Jacques 1:14 est une description parfaite du processus de la tentation et du péché : « Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise ». Le mot « convoitise » fait référence à un désir ou une envie du cœur pour quelque chose de mauvais, un désir profond et fort. Il est mauvais par nature, même s’il est caché dans le cœur. Il provient de notre vieille nature corrompue et réclame satisfaction à grands cris. Cette tentation n’est en aucun cas moralement neutre ou innocente, et elle est connue sous le nom de « péché intérieur résiduel ».
Les tentations intérieures sont des péchés intérieurs qui cherchent à s’exprimer.
Jacques poursuit sa description par l’étape suivante du péché en disant : « Alors quand la convoitise a conçu, elle enfante le péché ». Un « enfant » est « mis au monde » ou naît soudainement aux yeux de tous. Comme l’affirmaient les commentateurs d’autrefois : « La convoitise est la mère du péché ». Matthew Henry déclare : « L’origine du péché et de la tentation est dans nos propres cœurs ».
Le péché « résident » ou « résiduel » constitue un chaudron invisible du péché, qui ne peut être ôté que par la mort expiatoire de Christ. Plus nous tardons à résister au péché, plus nous risquons d’y penser ; plus nous le désirons et plus nous nous en délectons, et plus la culpabilité est grande (et plus il est probable que la convoitise revienne de plus belle pour obtenir ce qu’elle sollicite).
Finalement, Jacques considère la croissance du péché nouveau-né en déclarant : « et le péché, étant consommé… », ce qui ne veut pas dire quand le cycle est terminé, mais quand il est pleinement à point ou adulte. Cette troisième phase représente le point culminant du péché et de la culpabilité. Le but de Jacques (écrit Calvin) est de nous montrer la racine perverse de notre péché et ruine, et non d’enseigner, comme le fait Rome, que les convoitises méchantes et abominables ne sont pas des péchés s’il n’y a pas de consentement. Il n’est jamais vrai que la tentation intérieure est innocente et moralement neutre.
Le promoteur le plus récent et le plus manifeste de ce point de vue « moralement neutre » est un pasteur anglican qui a écrit plusieurs livres populaires et donne des conférences dans de grands rassemblements pour tenter de convaincre les évangéliques que les désirs homosexuels, ou l’attirance pour le même sexe, sont fondamentalement innocents et moralement neutres. Ceux qui les ont, dit-il, ne doivent pas se laisser dire qu’ils sont pécheurs, mais doivent être acceptés de tous comme des croyants marchant avec le Seigneur. En effet, ils devraient être appréciés et applaudis pour être restés célibataires.
Ceci est évidemment contraire à la doctrine biblique et c’est une façon morbide d’aider ceux qui sont attirés par les personnes du même sexe. Simplement dit, une telle façon de penser est hérétique. Elle rejette les faits fondamentaux de la Chute de l’homme, de la nature du péché et de la sanctification. Que nous parlions de convoitise homosexuelle ou hétérosexuelle, les paroles du Christ s’appliquent :
« Et il dit, ce qui sort du dedans de l’homme c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du cœur de l’homme que viennent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les vols, la convoitise, la méchanceté, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie : toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme » (Marc 7:20-23). Le Seigneur a également déclaré : « Mais je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a commis adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5:28).
Qu’il soit clair : dès la première pensée à un mauvais désir, il y a péché. Des écrivains comme celui que nous venons d’évoquer présentent deux « textes-preuves » pour justifier leur opinion (catholique) selon laquelle la tentation n’est pas un péché. Tous les deux impliquent une utilisation manifestement abusive du texte. Le premier est la prière du Seigneur : « Pardonne-nous nos offenses... et ne nous induis pas en tentation ». Ces paroles affirment que les péchés ont besoin d’être pardonnés, mais pas les tentations, qui ne sont les objets que d’un besoin de délivrance. Mais comme tout enfant de Dieu peut le constater, le Seigneur faisait une distinction très différente : nous devons chercher le pardon pour les péchés déjà commis, et la délivrance de la tentation qui n’a pas encore commencé. On peut difficilement demander pardon pour des choses qui ne se sont pas encore produites.
Ainsi l’idée que la tentation serait moralement neutre repose sur une lecture déformée ou tirée par les cheveux des paroles du Christ.
L’autre texte mal compris qui est utilisé pour justifier la notion selon laquelle les tentations seraient moralement neutres se trouve en Hébreux 4:15,
« Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché ».
Il est dit par ces auteurs que, parce que Christ, qui était sans péché, a été tenté en toutes sortes de péchés, alors la tentation ne peut être mauvaise en elle-même. Mais c’est une interprétation insensée du passage. Il est vrai que le Christ n’a jamais été tenté de l’intérieur, car il n’avait pas une nature pécheresse. Il a été conçu par le Saint-Esprit et est né d’une vierge, car il était impossible que le Saint hérite d’une nature pécheresse. Il est donc évident que dans Son cas, toutes les tentations, de toutes sortes, lui ont été lancées de l’extérieur par Satan et sans doute par les démons des ténèbres. Par cette voie, il s’est vu jeter toutes les mauvaises pensées et propositions, mais sans péché de Sa part. Notre Seigneur qui est unique ne peut être invoqué comme une preuve de la neutralité morale de la nature pécheresse de l’homme.
Pour illustrer ce qu’est la tentation venant de dehors, imaginez-vous marchant sur une route de campagne avec un compagnon et arrivant devant une maison entourée d’arbres. À la porte, se trouve une table sur laquelle est posée une caisse de pommes, avec une boîte pour le paiement. À votre grande surprise, votre compagnon vous dit : « Sers-toi sans payer, personne ne te voit ». Immédiatement, vous insistez sur le fait qu’il n’en est pas question. Il s’agit là très clairement d’une tentation extérieure, et vous êtes totalement innocent.
Mais si une suggestion nous vient du dedans, causée, par exemple, par la cupidité ou l’orgueil, ou la haine, ou la colère, ou la jalousie, ou l’impureté comme le désir pornographique ou l’attirance homosexuelle, celle-ci vient de notre nature pécheresse. Elle est corrompue et doit être combattue. Elle ne doit en aucun cas être considérée comme innocente, même quand elle n’est pas mise en œuvre. Cela conduirait à ce qu’elle soit entretenue dans l’esprit avec une acceptation complaisante, et qu’elle soit peut-être même « appréciée » d’une certaine manière.
Certains parfois s’enflamment de colère dans leurs pensées pour justifier leurs sentiments pleins de péché contre une autre personne. Cela leur donne une forme de satisfaction. Et parfois, des pensées impures et souhaitées inondent leur esprit. Même si l’on n’y donne pas suite, la culpabilité est engagée et toutes les pensées pécheresses entretenues de cette manière reviendront probablement avec une fréquence et une force toujours plus grandes. En 2 Pierre 2:14, nous lisons qu’il y a des personnes qui se disent croyantes mais aux « yeux pleins d’adultère et insatiables de péché » et qui ont « le cœur exercé [lit. du mot gymnase] à la cupidité », presque sans arrêt.
Voici un résumé parfait et la solution du problème en Romains 7:22-25 :
« Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur ; mais je vois dans mes membres [les parties de mon corps et mes passions] une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres. Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort [ce qui veut dire : la vieille nature qui projette constamment des pensées et des désirs pécheurs] ?... Grâces soient rendues à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur !... Ainsi donc, moi-même, je suis par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché ».
Vient ensuite le glorieux encouragement en Romains 8, qui promet la puissance et l’aide de l’Esprit à ceux qui font mourir les actions du corps.
Le plus cruel conseil que nous pouvons nous donner l’un à l’autre est celui-ci : « Ne t’inquiètes pas au sujet de la tentation. Tes tentations sont neutres, elles ne te rendent pas coupable ». Par contre, le conseil le plus affectueux que nous pouvons donner est : « Combats ces tentations ! Ne leur donne ni patère pour y suspendre leur vêtement, ni occasion de s’installer ou de se multiplier ! » À la lumière de ces vérités, Jacques nous exhorte : « Ne vous égarez pas mes frères bien-aimés » (Jacques 1:16).
[1] L’Article IX, rédigé sous la direction de Thomas Cranmer dit : « Le péché originel… est la faute et la corruption de la nature de tout homme… et cette corruption de la nature reste, même dans ceux qui sont régénérés… et bien qu’il n’y ait aucune condamnation pour ceux qui croient…, la convoitise et le désir charnel, ont pour eux-mêmes la nature du péché ».