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Pourquoi Dieu a-t-Il permis le péché et la Chute ?

« Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l’injustice ?
Loin de là ! » (Romains 9:14).

Notre façon humaine et limitée de raisonner va vite en besogne et met en cause la justice de Dieu. De nombreux incroyants dressent cette question comme une barricade contre la foi en l’Évangile. Quant aux personnes en recherche et les jeunes chrétiens, la question les trouble fréquemment. Il arrive même que des chrétiens matures et convaincus soient dérangés à ce sujet dans les moments où Satan les attaque aux moyens d’assauts sévères.

Selon les Écritures, Dieu n’est pas l’auteur du péché. Il a créé toutes choses et pourtant il n’est pas le créateur du péché. Il nous est présenté comme lumière et perfection.

Pourquoi Dieu a-t-il donc permis ce qu’Il haïssait et détestait ? « Permis » est en fait un mot trop faible, parce que Dieu est absolument souverain. Il n’était pas un spectateur impuissant, même s’Il n’était pas l’auteur direct de la Chute. Dieu l’avait anticipée et connue d’avance et Il avait déterminé la réponse qu’Il allait lui donner.

Les pères de l’église (Ambroise et Augustin en particulier) ont employé l’explication de la felix culpa[1], ce qui signifie « bienheureuse faute » parce qu’elle a conduit au plus grand bien qu’est la gloire de Dieu manifestée dans la miséricorde et la rédemption.

Avant de suggérer quelques explications, nous devons reconnaître qu’aucune d’elles ne répond pleinement à la question de savoir pourquoi Dieu a « permis » l’entrée du péché à l’origine. Elles ne nous en donnent qu’un maigre aperçu. Nous allons les considérer sans perdre de vue notre point d’ancrage en Romains 9:14 : « Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! » Autrement dit : Dieu n’est jamais l’auteur du péché.

Quelle est l’origine de la rébellion contre Dieu ? Ésaïe 14:12-14 parle du roi de Babylone, mais, indubitablement, il reflète la chute même de Satan. « Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ! Tu es abattu à terre, toi, le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur… » et suit l’énoncé des cinq « Je… » mortifères qui sont effroyablement applicables au malin. « : Je monterai au ciel [pour être comme Dieu], j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; je m’assiérai sur la montagne de l’assemblée, à l’extrémité du septentrion ; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très Haut ».

Les cinq « Je… » mortifères expriment le fait que Satan se targue d’être autonome et égal à Dieu : Il veut fonctionner sans Dieu. Et comme Satan s’est détourné de l’allégeance, de la soumission et de l’obéissance à Dieu, ainsi, toutes les valeurs renversées ou antivaleurs ou valeurs ou normes opposées ont fait leur apparition. Elles ont vu le jour comme le résultat du désir de l’homme de s’affranchir de Dieu, et elles sont exprimées dans ces versets, qui décrivent la chute du roi de Babylone derrière lequel se profile Satan.

Au commencement, il n’y avait que la lumière sur le plan moral, mais en se détournant de la source de la lumière et de l’autorité morale, la lumière a fait place aux ténèbres. Des actions, des désirs, des objectifs, des « principes » contraires, antagonistes, opposés et un domaine de péché, de ténèbres, d’anti-moralité et de négation de tout ce qui est bon et vrai sont devenus l’environnement du diable et de ses anges.

L’orgueil, l’incrédulité, la convoitise et le mensonge ont tout d’abord fait tomber Satan, puis Adam et Ève lorsque l’homme, en réponse à la tentation de Satan, a voulu être comme Dieu. Alors que nos premiers parents ont préféré désobéir à Dieu, les antivaleurs se sont développées dans le monde de l’homme : le désordre, l’orgueil, la convoitise, la haine, la tromperie, la violence, l’égoïsme, la recherche de soi et la mise de toutes choses au service de soi-même. Aucune de ces choses ne se trouvait dans le monde au tout départ. Satan les avait trouvées, mais elles n’étaient pas dans le monde jusqu’à la chute d’Adam et Ève.

Pourquoi Dieu a-t-il permis cela ? Nous devons premièrement nous préparer à accepter certaines choses. Ésaïe 55:8-9 déclare : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées ». Sa sagesse est au-dessus de notre portée et trop élevée pour que nous puissions la saisir. Il existe des questions qui défient toute logique humaine.

En 2 Thessaloniciens 2, l’apôtre Paul fait référence à l’iniquité et au mal comme « le mystère de l’iniquité ». Il n’est pas toujours possible de voir le modus operandi de Satan, et il n’est pas possible sur la terre de connaître toutes les raisons pour lesquelles Dieu a permis la Chute.

En 1 Corinthiens 13:12, Paul écrit : « Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu ».

Le jour approche où nous aurons les capacités intellectuelles et la spiritualité nécessaire pour que nous soit montré davantage que ce que nous savons actuellement des Écritures. Nous connaîtrons alors autant que ce que Dieu désire que nous connaissions et nous serons capables d’absorber autant d’information.

2 Corinthiens 5:6-8 déclare : « Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons qu’en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur, car nous marchons par la foi et non par la vue, nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur ». L’implication de tout cela est qu’il y aura substantiellement plus à connaître et à goûter lorsque la foi fera place à la vue.

Une autre chose indiquée en Romains 11 nous aide à adopter une bonne attitude lorsque nous réfléchissons à ces questions. « O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? » ­(Romains 11:33-34.)

Passons maintenant des précautions aux réponses. En Romains 9:22-23, nous trouvons un indice substantiel, mais probablement une infime raison pour laquelle Dieu a permis le péché et la chute. « Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? »

Ce verset nous renvoie à Pharaon et aux Israélites, mais il est destiné à justifier les voies de Dieu dans la prédestination. De là, nous pouvons raisonner en ces termes : s’il n’y avait pas eu la Chute, il n’y aurait pas eu de démonstration et d’exercice de la colère de Dieu, de Sa miséricorde et de Son amour. S’il n’y avait pas eu la Chute et si Dieu avait créé le Ciel peuplé de gens parfaits, toute une dimension de Sa personne et de Ses attributs n’aurait jamais été exercée ou déployée. Nous n’aurions jamais vu Sa puissance pour racheter les âmes, Sa puissance pour délivrer de la tragédie et Sa puissance pour sauver, libérer et transformer. Sans la Chute, nous n’aurions jamais connu la patience de Dieu, supportant avec une grande longanimité la désobéissance des hommes rebelles.

Dieu est un Dieu de vérité. Pensez au vaste domaine de vérité qui n’aurait jamais été vu ou connu si la Chute n’avait pas été permise. Dans le jardin d’Éden, on ne connaissait pas quelles horreurs suivront la recherche de l’homme d’une autonomie sans Dieu.

Dieu est vérité. La Réalité éternelle qui fait toutes choses en vérité et comme une expression ou une démonstration de tout ce qui est vrai. « Qu’est-ce que la vérité ? », demanda Pilate avec dédain. Dans la gloire éternelle la vérité entière resplendira, incluant la réalisation du fait qu’il n’y a pas d’alternative au Dieu trine et saint et que rien ne peut être comparé à Ses voies et à Ses œuvres. Il sera clair, pour l’éternité, que l’autonomie est condamnée et l’impiété néfaste.

Ève, dans le jardin d’Éden, a pu être amenée par Satan à suspecter que Dieu leur cachait quelque chose de précieux qu’il ne voulait pas lui donner et qu’il y avait une meilleure solution pour elle autre que la loyauté envers Dieu. De telles pensées d’insatisfaction, de désobéissance et de rébellion ne peuvent jamais être conçues dans le Ciel, parce que l’histoire de la rébellion et de la rédemption sera gravée dans le cœur de tout racheté et que la réalité et la vérité régneront. Là Dieu sera le plus pleinement révélé et nous verrons : « Il est le rocher ; ses œuvres sont parfaites, car toutes ses voies sont justes ; c'est un Dieu fidèle et sans iniquité, il est juste et droit » (Deutéronome 32:4).

Il est « le Dieu de vérité » (Ésaïe 65:16), tout comme Christ est « le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14:6), et la vérité sera universellement comprise, embrassée et aimée dans le glorieux futur. Dans le Ciel nous ne serons pas sous-informés, naïfs ou ignorants en quelque manière que ce soit. Ceci nous donne un aperçu partiel de ce pour quoi Dieu a permis la Chute.

À cause de la Chute, il fut nécessaire que Christ descende du Ciel, vienne dans notre monde et prenne notre place. Le Créateur vint pour souffrir une humiliation épouvantable. Le parfait prit le péché pour nous et fut puni à notre place. À cause de la Chute nous connaissons réellement l’amour de Dieu et exactement jusqu’où Dieu irait pour racheter Son peuple. Nous ne pourrions jamais connaître cela s’il n’y avait pas eu la Chute.

Sans la Chute et la rédemption, le Ciel aurait été peuplé par ceux qui, en une grande mesure auraient été des robots sans claire compréhension. Même les anges dépendent de la rédemption de l’homme pour admirer la miséricorde de Dieu. Dans ces circonstances nous l’aurions certainement aimé pour toujours, mais nous n’aurions pas connu la gratitude ou le fait de Lui être infiniment reconnaissants. Nous n’aurions pas non plus vu les perfections de Dieu en contraste avec la toile de fond du péché, puisque nous n’aurions connu que la perfection et la justice. Mais lorsque les rachetés seront dans la gloire éternelle, Dieu (Père, Fils et Saint-Esprit) sera apprécié dans la plénitude de Sa gloire.

Voici un autre aspect supplémentaire de la Chute et de la rédemption. S’il n’y avait pas eu la Chute, les enfants de Dieu (créés en gloire) n’auraient pas été entièrement libres, car ils n’auraient pas été là par choix. C’est d’une grande importance, car le Ciel est ultimement la maison de ceux qui sont libres. « La vérité, » dit Christ, « vous affranchira ». Libres de la loi cérémonielle, oui, et de la condamnation et de l’esclavage du péché, mais aussi libres dans le sens le plus large possible.

Le monde créé même « sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Romains 8:21). Sans la Chute, toutefois, il n’y aurait pas eu de vraie liberté dans la gloire.

Dans le salut, le Saint-Esprit nous rend capables de voir notre état et notre condition, inclinant nos pensées et nous rendant consentants, mais tout cela d’une manière telle que nous faisons confiance à Christ et nous nous saisissons de Lui librement et avec une grande aspiration, « car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Philippiens 2:13). C’est l’œuvre irrésistible de Dieu et pourtant nous sommes déterminés à choisir volontairement et librement. Nous n’avions aucune liberté avant l’œuvre régénératrice du Saint-Esprit.

Plus encore, lorsque nous sommes venus à Christ et que nous avons fléchi les genoux devant Lui, nous Lui avons donné nos vies, confessant en effet : « Seigneur, prends-moi et ôte ma liberté de chuter, tiens-moi et mets-moi en sécurité, de sorte que je ne puisse pas le faire ». Les habitants du Ciel ont volontairement remis à Dieu leur liberté imaginaire.

Si nous avions été créés dans le Ciel sans Chute ni rédemption, cela n’aurait pas été le cas. Ceux qui seront au Ciel y seront pour toujours volontairement, ayant volontairement soumis leur liberté à Dieu.

Romains 9:22-23 nous donne une vision de certaines de ces choses, comme faisant partie de la raison de la Chute. Nous répétons la citation : « Et que dire, si Dieu, voulant montrer [ses attributs] sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? »

Nous devons penser au fait que Dieu veut révéler et démontrer Ses attributs et Sa gloire, particulièrement Sa justice, Sa miséricorde et Son amour. Nous devons penser à Dieu comme vérité et à la manière dont tous Ses attributs ont besoin d’être vus et connus. Nous devons penser à Sa souveraineté intrinsèque et à la façon dont tout ceci doit être reflété dans l’expérience de tout Son peuple racheté durant les âges éternels.

Le sens de tout cela est que la Chute révèle ultimement la pleine gloire de Dieu, manifeste tous Ses attributs infinis, illumine et inspire les rachetés pour toujours, les revêt de vraie liberté, montre qu’il n’y a pas d’alternative au Roi des rois et que, en dehors de Lui, ne se trouvent que des antivaleurs et la catastrophe.

Ces pensées ne nous fournissent pas la réponse complète à la question de savoir pourquoi Dieu a permis le péché, mais elles aident notre foi et peuvent nous aider à accepter que « les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu » et que « les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité » (Deutéronome 29:29).

« Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l’injustice en Dieu ? Loin de là. »

[1]  Incorporée depuis les temps les plus anciens dans la liturgie catholique de Pâques.