Priorités dans la présentation de la foi
Dr John C. Whitcomb
Mon expérience personnelle en matière d’apologétique chrétienne a commencé en février 1943, alors que j’étais étudiant à l’université de Princeton. Je n’ai pas eu le privilège de grandir dans une famille chrétienne, ni de fréquenter une église qui enseignait la Bible. Mais Dieu, dans Sa grâce, s’est servi d’un couple d’étudiants chrétiens de l’université pour m’inviter bien des fois à assister à une étude biblique hebdomadaire. L’enseignement y était assuré par un ancien élève de Princeton et ex-missionnaire en Inde.
Le message de l’Évangile y était présenté avec grâce et après quelques mois, imprégné d’un tel enseignement, je me suis soumis aux droits et à l’autorité du Seigneur Jésus-Christ.
Pour autant que je sache, il n’y avait pas d’autres chrétiens dans la résidence universitaire où je logeais à l’époque, mais je m’étais fait plusieurs bons amis, dont un grand intellectuel issu d’une famille aisée. J’étais convaincu que la conversion d’un tel homme pourrait apporter de grands changements dans la résidence des étudiants. C’est ainsi qu’un jour, je l’ai invité à l’étude biblique.
J’étais plein d’espoir et j’étais préparé à le convaincre que personne d’autre ne pouvait égaler cet enseignant de la Bible qui m’avait conduit au Seigneur. La conversation, si je me souviens bien, s’est déroulée comme suit : « Harry, voici un professeur qui peut t’expliquer le message de la Bible de manière claire et convaincante. Pourquoi ne pas venir avec moi le dimanche après-midi et en juger par toi-même ? »
« La Bible ? », répliqua-t-il, « Pourquoi devrais-je perdre mon temps pour étudier un livre religieux qui est dépassé depuis déjà près de deux mille ans ? Tu sais bien qu’il n’y a aucun professeur de science, ici à Princeton, qui prend la Bible au sérieux quant à la question de l’origine du monde. L’idée de création par un décret divin n’est plus défendue par les gens intelligents. Honnêtement, je ne m’intéresse pas du tout à la Bible. »
Piqué au vif par ce rejet catégorique de la Parole de Dieu, et de plus fondé sur une opinion scientifique, je me suis rapproché de mes amis chrétiens. Existe-t-il des publications de nature scientifique, demandais-je, qui pourraient aider mon ami à voir les faiblesses de la théorie de l’évolution et donc la possibilité d’une création surnaturelle ?
À l’exception de quelques petites brochures, nous étions démunis sur ce sujet. Armé de celles-ci, je me suis de nouveau approché de mon ami Harry. Il était étonnamment gentil. « Merci de te donner tant de peine de rassembler ces brochures pour moi. Je ne savais vraiment pas que quelqu’un d’éduqué prendrait encore le livre de la Genèse au pied de la lettre. Je vais te dire ce que je vais faire. Un jour, si jamais j’en ai le temps, je me pencherai sur la question ».
Tout était dit. Il m’envoyait promener !
Je fus profondément consterné par cet échec et par d’autres échecs similaires dans mes tentatives à convertir mes amis au christianisme. J’ai discuté de ce problème avec mon professeur de théologie. Qu’est-ce qui dysfonctionnait chez moi ? Était-ce ma personnalité, ou avais-je besoin de plus de temps pour rassembler de meilleurs arguments ? Au lieu de m’enseigner les subtilités de l’apologétique biblique, il m’a invité à le rejoindre, ce qui était judicieux, pour un bref programme de visites d’une résidence étudiante parmi d’autres. Dans cette résidence, un nouvel étudiant avait, cinq mois plus tôt, rempli de façon hâtive une carte d’enquête indiquant son intérêt à assister à nos études bibliques.
Lorsque la porte s’est ouverte après avoir toqué, de la fumée de pipe s’est propagée dans le couloir. « Je m’appelle John Whitcomb et voici le professeur de théologie de l’Alliance évangélique de Princeton. Tom Smith habite-t-il ici ? » Un piétinement et le fracas d’une lampe de table ont été entendus alors que plusieurs personnes s’enfuyaient dans la terreur, laissant notre victime se débrouiller seule face à ces intrus indésirables.
« L’Alliance évangélique de Princeton ? Oh, oui, je suppose que j’ai signé une carte l’automne dernier, mais la Bible ne m’intéresse plus. Je pensais qu’elle était vraie, mais cinq mois d’études ici ont suffi pour me convaincre qu’elle est truffée d’erreurs. »
« Je suis étonné de vous entendre dire cela » commenta tranquillement mon professeur. « Dites-moi, quelles erreurs particulières avez-vous relevées dans la Bible et qui vous ont convaincu qu’elle n’est pas vraie ? » C’était inattendu. Un refus ferme, dans mon cas, n’avait-il pas suffi à mettre fin à cette conversation inconfortable ? L’opinion générale de cette grande université ne suffisant-elle pas pour faire taire tous ceux qui croyaient encore que la Bible était vraie ?
Tom réfléchit un instant et répondit : « Jonas et la baleine ! Voilà une preuve. Aucune personne instruite aujourd’hui ne croirait un seul instant qu’une baleine ait pu avaler un homme et le vomir vivant sur la terre ferme trois jours plus tard ! »
Je ne tenais plus en place ! Comment relever ce défi direct à l’historicité du livre de Jonas ? Peut-être pourrions-nous trouver, dans la bibliothèque de l’université, des livres sur les baleines qui démontreraient la capacité des baleines à avaler des hommes vivants. Peut-être pourrions-nous trouver des preuves historiques d’hommes ayant réellement survécu à une telle épreuve. Cela le convaincrait à croire que le livre de Jonas est aussi infaillible que le reste de la Bible !
Providentiellement, ce fut mon enseignant qui lui répondit le premier. « Tom, je suis franchement reconnaissant que ce soit le livre de Jonas avec lequel vous semblez vous débattre. Il n’y a pas de livre plus fascinant dans l’Ancien Testament que Jonas. Un jour, si vous en avez le temps, j’aimerais discuter avec vous du message complet de ce livre, auquel Christ Lui-Même a fait allusion pour une raison très importante ».
« En attendant, que diriez-vous si je vous expliquais pourquoi j’en suis venu à croire que la Bible est la Parole de Dieu et, que de ce fait, elle est vraie dans toutes ses parties ? »
Impressionné par la gentillesse et la confiance irrésistibles de cet homme qui semblait connaître par expérience personnelle le Dieu dont il parlait, Tom acquiesça prudemment.
« Tom, j’ai fait la même expérience que vous à propos de la Parole de Dieu lorsque j’étais étudiant ici il y a trente ans de cela. Je pensais disposer de toutes les réponses concernant la vie. Mais j’avais tort. Dieu, dans Son amour infini, s’est approché de moi, de mon besoin personnel profond et m’a montré à travers les mots familiers de son Livre incomparable que mon problème de fond était le péché, et mon éloignement délibérée de Dieu Lui-Même. »
Ce qu’il entendit n’était pas un plaidoyer scientifique, historique ou philosophique sur le christianisme, mais un témoignage imprégné de l’Évangile dirigé avec prière vers son cœur.
Si je me souviens bien de la conversation, Tom a soulevé quelques questions sur le christianisme et la Bible. Les questions n’ont pas été totalement esquivées, mais les réponses ont toujours été amplifiées par de nouvelles perspectives sur l’Évangile et des appels à capituler face au Christ. Cette approche a finalement conduit un fier étudiant d’université à reconnaître la seigneurie du Christ dans sa vie.
Tout cela m’a obligé à jeter un nouveau regard sur certains facteurs fondamentaux de l’apologétique chrétienne que j’avais sérieusement négligés. J’en suis venu à croire que mon ignorance initiale relative à ces principes bibliques concerne également de nombreux serviteurs chrétiens frustrés et sans fruit aujourd’hui.
Mon problème était fondamentalement double : j’avais sous-estimé la profondeur de la rébellion de l’homme contre Dieu, et j’ignorais le rôle absolument crucial que la Parole de Dieu devait jouer, par l’action convaincante et éclairante du Saint-Esprit, pour amener les hommes pécheurs au Christ.
Dans cet article, mon but sera d’examiner la révélation biblique concernant l’incapacité spirituelle de l’homme, la méthode de Dieu pour atteindre les hommes perdus, les textes comme preuves majeures pour l’apologétique rationaliste. Dans un autre article, j’aborderai le rôle que peuvent jouer les preuves chrétiennes dans notre ministère de témoignage aujourd’hui.
Dans nos efforts pour rendre la Bible et le christianisme attractifs et acceptables aux hommes, nous nous trouvons immédiatement confrontés à deux obstacles incroyables : la nature déchue de l’homme et les forces sataniques qui l’environnent. Ces faits ne devraient pas surprendre quelqu’un qui connaît le christianisme, même superficiellement. Cependant, il est étonnant de constater que peu d’ouvrages évangéliques réputés, qui abordent l’apologétique chrétienne, accordent aujourd’hui une attention sérieuse à ces deux obstacles.
Lorsque nous lisons ces livres, nous sommes presque conduits à croire qu’en plus de l’Évangile, nous avons réellement besoin d’un arsenal d’arguments savamment développés contre les divers systèmes philosophiques et fausses-religions pour gagner les intellectuels à Christ. Il semble aussi que nous avons besoin d’un ensemble impressionnant de preuves provenant, par exemple, de l’archéologie et de l’histoire, pour confirmer que la Bible et le christianisme sont vrais. [1].
Mais si nous voulons être vraiment honnêtes avec les perspectives bibliques sur cette question, nous devons admettre que nous avons trop souvent été coupables d’avoir bâti nos systèmes d’apologétique sur d’autres fondations autre que celle énoncée dans les Écritures. Ces systèmes apologétiques nous donnent l’impression que les hommes attendent avec impatience la preuve que le christianisme est vrai. Mais dans la Bible, nous voyons exposer à quel point le cœur des hommes est fermé et scellé contre toute pression humaine et purement intellectuelle en matière de conversion.
Le problème fondamental du non-chrétien n’est pas seulement académique et intellectuel, il est moral et spirituel. La Bible indique que tous les non-croyants (y compris les soi-disant sceptiques honnêtes) sont des ennemis de Dieu, exposés au jugement divin en raison de leur distorsion délibérée de la réalité pour s’adapter à leur propre cadre de référence spirituel.
L’homme naturel n’a pas le plus petit désir de chercher Dieu, de Le trouver et de Le reconnaître pour ce qu’Il est. « Le méchant dit avec arrogance : Il ne punit pas ! Il n’y a point de Dieu ! Voilà toutes ses pensées » (Psaume 10:4). Ailleurs, le Saint-Esprit nous apprend, par la plume de David, que : « L’Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui cherche Dieu » (Psaume 14:2). Mais que voit-Il ? « Tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (cité en Romains 3:10-12).
Non seulement le non-croyant ne cherche pas et ne pratique pas la vérité, mais il supprime systématiquement toute vérité qu’il reçoit : « La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive… Ils sont donc inexcusables » (Romains 1:18-20).
En fait, les Écritures révèlent très clairement que les hommes déchus, loin d’être ouverts aux arguments concernant les droits de Dieu sur eux, sont dans un état d’inimitié contre Lui, « car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas » (Romains 8:7).
Traditionnellement l’apologétique chrétienne a eu pour souci de répondre de façon rationnelle aux questions des incroyants en ce qui concerne la révélation spéciale de Dieu dans l’Écriture. Mais à quel genre d’esprits faisons-nous appel ? Dans quelle mesure le péché et la rébellion spirituelle contre Dieu ont-ils affecté les capacités rationnelles de l’homme ?
Réfléchissez à ces déclarations : « Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres... nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ » (Éphésiens 2:1-5). « Voici donc ce que je dis et ce que je déclare dans le Seigneur, c’est que vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur » (Éphésiens 4:17-18).
Mais la « pensée » humaine n’est-elle pas capable de se détacher de ce qui est appelé « cœur » et de tirer ses propres conclusions au sujet de Dieu indépendamment de la direction corrompue suivie par la nature déchue ? La réponse est : « Non ». Remarquez l’explication donnée par notre Seigneur sur la relation qui ne peut être rompue entre la pensée et le cœur : « Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées » (Matthieu 15:19 ; Marc 7:21). Les Écritures ne nous offrent aucune espérance de pouvoir apporter un changement profond dans la pensée de l’homme au sujet de Dieu à moins d’une transformation profonde dans son « cœur », le centre moral et spirituel de son être personnel.
Outre l’obstacle que représente l’opposition totale entre le « cœur et la pensée » de l’être humain et la vérité de Dieu, il y a le grand obstacle qu’est Satan, « le dieu de ce monde », et ses forces démoniaques. Je réalise donc que parler du Christ à un non-croyant, ce n’est pas parler à une seule personne mais à deux ou plusieurs personnes, toutes invisibles sauf une.
L’apôtre a parlé plusieurs fois de ce fait. Il a expliqué que : « nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Éphésiens 6:12).
Il savait que les chrétiens, avant leur conversion, « marchaient…selon le prince de la puissance de l’air, l’esprit qui agit maintenant dans les enfants de la rébellion » (Éphésiens 2:2). Il reconnaissait que : « Si notre Évangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent ; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne vissent pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Corinthiens 4:3-4).
Dans la parabole du semeur, notre Seigneur a parlé aussi de cet obstacle à la réception de Sa parole lorsqu’Il a expliqué qui étaient les oiseaux qui dévoraient la semence : « Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur : cet homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin » (Matthieu 13:19).
Une apologétique chrétienne qui sous-estime le pouvoir de Satan sur la pensée des incroyants n’est peut-être pas exactement coupable d’insulter les gloires angéliques, comme nous en prévient Jude, mais, en ignorant l’étendue du pouvoir de Satan, il est incapable de suivre l’exemple de Michael et de dire efficacement : « Que le Seigneur te réprime ! » (Jude 9). Aujourd’hui, nous avons désespérément besoin d’une apologétique accompagnée de la puissance de Dieu !
Si le tableau biblique de l’inimitié de l’homme contre Dieu et du contrôle de Satan est correct, alors comment les chrétiens pourront-ils jamais persuader les hommes de se détourner du péché et de Satan pour se tourner vers le Dieu vrai et vivant ? La réponse biblique est, bien entendu, qu’ils en sont incapables.
Les Écritures ne disent pas qu’il est difficile à un incroyant d’accepter la vérité spirituelle. Elles disent que c’est impossible. « Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Corinthiens 2:14).
Lorsque notre Seigneur a fait une déclaration similaire en ce qui concernait un pan entier de la société « Les disciples, ayant entendu cela, furent très étonnés, et dirent : Qui peut donc être sauvé ? » Sa réponse nous donne la clé de toute apologétique chrétienne véritablement efficace aujourd’hui : « Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possibles » (Matthieu 19:25-26).
Pourtant, il semble tout à fait évident que Dieu n’a jamais eu l’intention que les chrétiens doivent gagner les perdus par des arguments purement philosophiques et académiques, ou même qu’ils doivent, par ces moyens, ôter les obstacles mentaux dans la pensée des incroyants de sorte que la Parole de Dieu puisse ensuite pénétrer les cœurs.
Si tel avait été le plan de Dieu, la grande majorité des chrétiens de l’histoire auraient été automatiquement disqualifiés pour tout témoignage efficace, car ils n’auraient pas pu rencontrer des incroyants très instruits et à leur propre niveau dans le débat intellectuel. « Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages… afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » (1 Corinthiens 1:26-29).
La méthode biblique pour gagner les hommes à Christ (y compris les intellectuels de nos jours) est de présenter le véritable Évangile « selon les Écritures » avec amour, patience et prières (1 Corinthiens 15:3-4) au moyen d’une vie pieuse (1 Thessaloniciens 1:5 ; 2:3-12). Seule la Parole de Dieu « vivante et efficace » peut pénétrer le bouclier défensif de l’incroyant et pénétrer jusqu’à son cœur (Hébreux 4:12), et ainsi à Dieu seul de recevoir la gloire pour la conversion authentique des hommes pécheurs.
Un homme, une fois converti par le Saint-Esprit de Dieu, peut pour la première fois de sa vie goûter la perspective juste et le cadre de référence pour analyser les problèmes intellectuels concernant les doctrines chrétiennes, même s’il n’a pas toutes les réponses à ses questions ici-bas.
La propre conversion de Paul est une illustration instructive de cette dynamique divine. Au lieu de présenter une liste de questions au Seigneur Jésus quand il a été submergé par Sa présence sur le chemin de Damas, Saul de Tarse a simplement crié : « Que ferais-je Seigneur ? » (Actes 22:10). Alors que sa cécité spirituelle avait été ôtée par Dieu : « Et aussitôt il prêcha dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu » (Actes 9:20).
Il « n’a point résisté à la vision céleste » (Actes 26:19) même s’il lui a fallu des années pour réviser toutes les choses qu’il avait antérieurement apprises au sujet des Écritures à la lumière de la nouvelle révélation qui l’avait transformé. Le livre des Actes fournit de nombreux exemples de telles proclamations du message révélé par Dieu et qui débouchent sur la conviction de péché par le Saint-Esprit et une authentique conversion (Actes 2:36-38 ; 8:34-36 ; 10:42-48 ; 16:31-34).
Dans le Nouveau Testament, nous trouvons un autre exemple important de cette approche de l’apologétique chrétienne dans l’exhortation de Paul à l’église de Corinthe. Il exhorte les croyants à se détourner de la sagesse profane et d’une glorification injustifiée suscitée par certains signes miraculeux afin qu’ils puissent se consacrer à une proclamation claire de la Parole de Dieu. « Mais si tous prophétisent, et qu’il survienne quelque non-croyant ou un homme du peuple, il est convaincu par tous, il est jugé par tous, les secrets de son cœur sont dévoilés, de telle sorte que, tombant sur sa face, il adorera Dieu, et publiera que Dieu est réellement au milieu de vous » (1 Corinthiens 14.24-25) [2]. Sur la base de ce remarquable passage, il est assez clair que ni la sagesse humaine ni les signes empiriques n’étaient des substituts adéquats à une proclamation claire de la Parole de Dieu.
Cependant, si le témoin chrétien fait constamment appel à la Parole de Dieu afin d’établir sa vérité dans l’esprit du non-croyant, n’est-il pas coupable d’un raisonnement circulaire ? Si l’incroyant refuse d’accepter les Écritures comme étant d’inspiration divine, le chrétien ne devrait-il pas abandonner temporairement la Bible jusqu’à ce qu’il ait démontré sa vérité de façon indépendante en faisant appel au vaste éventail de faits archéologiques, historiques, scientifiques et autres qui tendent à confirmer ses affirmations ?
La réponse à cette question est : « Non ». Si le christianisme n’est qu’une sphère de vérité qui est conditionnée et définie par d’autres sphères de vérité, alors il n’est pas vrai du tout, parce que les Écritures, proclament triomphalement et de façon cohérente qu’elles sont la Parole de Dieu éternelle, complète, unique, finale et faisant absolument autorité. Tel est le fondement crucial de la vraie apologétique chrétienne.
Lorsque le chrétien fait appel à la Parole de Dieu, il fait appel à la seule sphère de vérité ultime concernant Dieu et les réalités spirituelles. Cette sphère est si vaste et si profonde qu’elle comprend tout ce qui existe, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’univers, tant visible qu’invisible, y compris l’incroyant lui-même et le « dieu de ce siècle » qui l’aveugle !
Éteindre la lumière de la Parole de Dieu, pour ainsi dire, afin d’établir d’abord un « terrain d’entente » avec l’incroyant, c’est abandonner la vérité pour tâtonner, avec un esprit non régénéré, dans l’obscurité qui caractérise ce système mondial sans Dieu.
La vérité révélée s’authentifie et se défend elle-même, comme la lumière. Pierre déclare : « Et nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention [à la Parole de Dieu], comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs » (2 Pierre 1:19).
Imaginez un homme, perdu dans les profondeurs d’une sombre caverne, dans le désespoir le plus total de parvenir un jour à trouver la sortie. Si un ami avait une idée générale de l’endroit où il se trouve, comment pourrait-il au mieux venir à son secours ? Serait-ce en se précipitant dans la caverne, sans se soucier de son chemin, et en s’asseyant avec lui dans l’obscurité, partageant avec lui le fait d’être perdu ?
Ne serait-il pas beaucoup plus avisé qu’’il prenne avec lui une torche puissante, qu’il marque son passage au fur et à mesure qu’il entre dans la caverne afin qu’il puisse retrouver ses pas vers la sortie ? Toutefois, supposez que l’homme perdu, dans son complet désespoir, refuse de croire que son ami a une torche et qu’il y a un chemin de sortie. Le futur sauveteur devrait-il rester assis dans l’obscurité et se mettre à discuter avec lui de la taille, de la marque, de la puissance et des qualités d’éclairage de sa torche ?
Puisque l’homme perdu a toujours la capacité de reconnaître la lumière lorsqu’il la voit, son ami ne devrait-il pas immédiatement mettre fin au débat en l’invitant à regarder la lumière lorsqu’il allume la torche ?
Les étonnantes capacités humaines d’entendre et de voir dans le domaine physique ne sont pas arrivées par hasard. « L’oreille qui entend, et l’œil qui voit, c’est l’Éternel qui les a faits l’un et l’autre » (Proverbes 20:12). La capacité de l’homme à reconnaître la vérité de Dieu n’est pas non plus le fruit du hasard. Tout être humain possède cette capacité et sera jugé par le Créateur sur la base de l’usage qu’il en aura fait. L’apôtre Jean nous dit que le Christ est « la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1:9). Ainsi l’homme a une connaissance innée de son Créateur. « Car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître » (Romains 1:19).
C’est pourquoi, lorsqu’un homme fait face à Christ, la Lumière du monde, il ne lui est d’aucune utilité de faire de l’humour en exigeant d’abord une autre lumière. Lorsqu’un apologiste chrétien éteint la lumière de son Seigneur et commence à tâtonner pour trouver la lumière du consensus général de l’opinion scientifique, il est entré dans une caverne spirituelle sans issue.
Ce qu’il doit faire, c’est exposer le cœur et la pensée de son ami incroyant à la Parole de Dieu d’une manière ou d’une autre, tout en priant pour que l’Esprit de Dieu puisse apporter la conviction de péché et la volonté de faire confiance au Sauveur. Si cet ami incroyant ne répond pas à la Parole infaillible de Dieu, c’est-à-dire à Sa révélation spéciale, quelle assurance pouvons-nous tirer de la Bible qu’il répondra au témoignage de la révélation générale, telles que les diverses preuves théistes de l’existence de Dieu et les preuves historiques de la vérité du christianisme ?
Le chrétien qui adopte une telle méthode centrée sur la Bible doit cependant se préparer à une critique intense, même de la part de ses compagnons chrétiens. Subordonner l’argumentation rationaliste à la suprématie de l’Écriture, c’est couper le fil de tous nos penchants naturels et inviter à l’accusation d’obscurantisme. « Après tout », nous dit-on de toutes parts, « avec tant de fausses religions, sectes et philosophies dans le monde actuel, une personne intelligente n’a-t-elle pas le droit et la responsabilité d’examiner soigneusement la validité du Christianisme par rapport à d’autres voies possibles avant de prendre une décision finale ? »
À nouveau la réponse est : « Non ». Le christianisme n’est pas simplement un système religieux parmi tant d’autres. De même que notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas juste un sauveur parmi tant d’autres dont nous devons nous enquérir selon notre bon plaisir et selon nos critères.
De plus, notre enquêteur intelligent est loin d’être neutre et impartial en matière spirituelle. Il ne peut porter un jugement en toute objectivité alors qu’il passe en revue les religions les unes après les autres. Il attend d’en trouver une qui soit logiquement cohérente sur le plan logique, factuelle du point de vue historique et scientifique et satisfaisante sur un plan personnel et de l’adopter comme sienne.
Bien au contraire, les hommes sont des ennemis actifs du seul vrai Dieu de la révélation et de la rédemption, bien que créés à Son image et à Sa ressemblance. En Dieu « nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17:28). S’il est vrai que l’image divine a été entachée par la chute, elle est néanmoins très intacte (Genèse 9:6 ; 1 Corinthiens 11:7 ; Jacques 3:9).
C’est précisément parce que l’homme porte l’image de Dieu en lui qu’il sait qui est ce Dieu. C’est pourquoi il fuit loin de Dieu et de Sa Parole et cherche à se cacher (Genèse 3:10 ; Ésaïe 53:3). C’est aussi pourquoi il retient injustement la vérité captive (Romains 1:18) et qu’il « hait la lumière, et ne vient point à la lumière » (Jean 3:20).
Les hommes pécheurs ne peuvent pas déclarer de façon innocente que Dieu est une entité inconnue d’eux : « Puisque ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres » (Romains 1:21). Telles sont les raisons pour lesquelles les hommes pécheurs n’ont en fait pas le droit d’exiger des « lettres de créance » lorsque le Créateur leur dit : « Repentez-vous ! Croyez en Ma parole ! Obéissez-Moi – maintenant ! » Lorsque le Saint-Esprit dit au cœur de l’homme : « Crois au Seigneur Jésus-Christ », c’est un suicide potentiel que de tergiverser, d’enquêter ou de débattre. « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut » (2 Corinthiens 6:2). « Dieu…annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir » (Actes 17:30). Dieu, dans Sa grâce peut prolonger Son appel, mais l’homme pécheur ne peut pas en présumer !
Considérons cette question sous un autre angle. Si un homme irrégénéré avait effectivement le droit de solliciter une satisfaction intellectuelle complète en ce qui concerne les déclarations de la Parole de Dieu sur elle-même avant de les accepter, il se montrerait le plus grand des insensés s’il se satisfaisait de moins que d’une démonstration complète.
Mais pour avoir une telle démonstration, il lui faudrait avoir examiné soigneusement tous les faits pertinents et toutes les solutions possibles avant de recevoir Christ comme son Seigneur. Il est évident qu’il serait mort longtemps avant d’être en mesure de prendre une décision sur cette base. Une telle approche de l’apologétique chrétienne est non-biblique et conduit également à des absurdités logiques !
Donner à un incroyant l’impression qu’il a le droit de demander des réponses à tous les problèmes rationnels en relation avec la Bible et le christianisme avant de se repentir de ses péchés et de se tourner vers Christ pour obtenir le pardon, c’est le mettre sur un piédestal teinté d’un orgueil intellectuel et spirituel d’où il ne tombera jamais. Que peuvent réellement donner des débats aussi interminables pour préparer une telle personne « au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus Christ les actions secrètes des hommes » (Romains 2:16) ?
Que peut-on dire d’une telle apologétique rationaliste alors que Dieu nous a mandatés pour présenter « tout le conseil de Dieu » (Matthieu 28:18-20 ; Actes 20:27 ; 2 Timothée 2:2; 4:2) ? Et comment répondre à l’exhortation de Paul à Timothée, qui déclare que le serviteur de Dieu « doit, au contraire, avoir de la condescendance pour tous, être propre à enseigner [la vérité révélée], doué de patience ; il doit redresser avec douceur [avec l’Écriture] les adversaires, dans l'espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable » (2 Timothée 2:24-26) ?
Si le Nouveau Testament est notre guide infaillible pour ce type de questions, nous devons conclure que pour gagner des âmes à Christ, Dieu pourra utiliser efficacement le chrétien qui n’est pas le plus formé en philosophie séculière, en psychologie, en histoire, en archéologie ou en sciences naturelles (en dépit de l’importance et de la place de ces matières dans le développement d’une vision chrétienne globale et du monde). Ce sera plutôt le chrétien qui connaît le plus la Parole de Dieu et qui, cherche humblement et quotidiennement la force et la sagesse de Dieu en lui obéissant.
Le meilleur apologète chrétien est le meilleur étudiant de l’Écriture, qui, en utilisant les termes mêmes de la Bible pour le décrire, est « un ouvrier qui n’a point à rougir », parce qu’il « dispense droitement la parole de la vérité » (2 Timothée 2:15).
Un tel homme sera semblable à Apollos : « homme éloquent et versé dans les Écritures, …Il était instruit dans la voie du Seigneur, et, fervent d'esprit, il annonçait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus » et ainsi, par la Parole de Dieu, « il réfutait vivement les Juifs en public, démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ » (Actes 18:24-28).
L’auteur de ces lignes est, quant à lui, en complet accord avec ceux qui insistent sur le fait que le Christianisme est éminemment rationnel, mais pas pour le motif que le chrétien comprend tout ce que Dieu a révélé, car même l’apôtre Paul a refusé de faire une telle affirmation (Romains 11:33 ; 1 Corinthiens 13:9 ; voir aussi 2 Pierre 3:16).
Le motif pour lequel il faut insister sur la rationalité essentielle de la révélation de Dieu écrite est que Dieu lui-même a une sagesse infinie. Ses pensées peuvent nous être communiquées efficacement et en vérité. La Bible est claire sur ce point (1 Jean 2:20, 27). Toutefois, la finitude humaine nous empêchera de connaître Dieu complètement.
L’Évangile peut sembler folie « à ceux qui périssent » (1 Corinthiens 1:18), mais il n’est pas intrinsèquement folie. Il est parfait et d’une sagesse infinie (1 Corinthiens 1:20-29). Ainsi, le message chrétien est, in fine, rationnel. Mais cela ne signifie pas que le message chrétien peut être communiqué de manière rationnelle aux hommes perdus.
L’apôtre Pierre, par l’Esprit de Dieu, a ordonné aux chrétiens d’être « toujours prêts à vous défendre [apologétique en grec], avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous » (1 Pierre 3.15). Cela signifie-t-il que le chrétien doit sortir de la sphère de la vérité révélée pour fournir à l’incroyant une justification intellectuelle et académique de sa foi dans la Parole de Dieu ? Pierre lui-même aurait-il pu remplir un tel commandement compte tenu de son passé ?
L’apôtre Paul, qui était largement connu pour son grand savoir (Actes 26:24 ; cf. 22:3), s’est-il livré, sans sa détermination, à de telles recherches pour les Corinthiens à l’esprit philosophique ? Ne leur a-t-il pas dit : « Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié… afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Corinthiens 2:2 et 5) ?
D’emblée, on se rend compte que la très populaire interprétation semi-rationaliste de 1 Pierre 3:15 est erronée [3]
Ce fait est confirmé par un examen du contexte immédiat du passage. Pierre s’adressait à des chrétiens persécutés par leurs voisins païens. Il leur a cependant été ordonné de ne pas sombrer dans le désespoir, mais de se reconnaître comme « heureux ».
En outre, ils ne devaient ni être dans la crainte, ni être troublés. Mais pourquoi devraient-ils adopter une telle attitude ? Est-ce parce qu’ils savaient qu’ils possédaient des arguments solides pour couper le souffle à leurs ennemis dans le débat intellectuel ? Certainement pas ! Parmi les premiers chrétiens, il n’y avait pas beaucoup de sages selon la chair.
Leur confiance était réellement fondée sur leurs ressources spirituelles en Christ le Seigneur, qu’ils devaient sanctifier dans leur cœur.
En outre, les mots qui suivent le commandement de Pierre « toujours prêts à vous défendre » sont très significatifs. Cette défense devait se faire avec « douceur et respect » et « une bonne conscience, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ceux qui décrient votre bonne conduite en Christ soient couverts de confusion ».
Notez bien que ces conditions n’ont rien à voir avec un débat rationaliste, car une hypothèse de base sous-jacente à un tel débat est la suivante : une réponse correcte est efficace indépendamment de la présence ou de l’absence de douceur, de révérence ou de piété chez la personne qui répond. Mais un témoignage spirituel à la vérité de Dieu exige absolument ces attributs.
Il est donc clair d’après ce passage, qu’aucune réponse spirituellement efficace ne peut être donnée par les chrétiens aux personnes non régénérées, concernant l’espoir qui est en chaque chrétien, tant qu’ils n’ont pas appris à sanctifier le Seigneur Dieu dans leur propre cœur. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?
Le terme sanctifier, dans ce contexte, présuppose que les chrétiens sont eux-mêmes sanctifiés ou saints, c’est-à-dire mis à part pour Dieu.
Dans le contexte immédiat, Pierre affirme que le croyant doit confesser son incapacité à convertir les hommes par de simples raisonnements humains, et à attribuer à Dieu seul la capacité unique et souveraine d’engendrer la conversion. Il doit apprendre à prier pour que le Dieu qui connaît les cœurs de tous les hommes et qui sait comment pénétrer ces cœurs avec Sa propre Parole, présente Sa Parole aux auditeurs par Son Esprit, et soit glorifié par les résultats.
Pendant la campagne des Ardennes de 1944 en Belgique, mieux connue sous le nom de « Bataille des Ardennes », l’auteur de ces lignes fut chargé de faire intervenir le canon de tir (comme ordonnateur en chef) dans un bataillon d’artillerie de campagne américain. Son travail effectué avec deux autres hommes consistait à rester dans les tranchées derrière les lignes de front et à transmettre des messages d’instruction radio aux artilleurs qui manipulaient les douze canons de 105mm.
La tâche la plus dangereuse était confiée à « l’observateur avancé », généralement un lieutenant. Il devait se positionner dans un endroit élevé, suffisamment proche des lignes de front pour voir les chars ennemis approcher.
Lorsque les chars étaient visibles, une crise potentielle surgissait : Il pouvait soit paniquer, soit suivre des instructions strictes. S’il s’affolait et reculait, les chars avançaient sans problème, et la bataille pouvait être perdue, y compris pour l’observateur avancé. Ou il pouvait se précipiter vers les chars et commencer lui-même à tirer sur eux. Ce serait également désastreux pour lui et pour son unité militaire.
Il existait cependant une troisième solution : « Sanctifier » l’artillerie de campagne dans son cœur ! En d’autres termes, il pourrait suivre des instructions et téléphoner aux « ordonnateurs de direction de tir », en leur donnant le nombre, la taille, l’emplacement, la vitesse et la direction apparente du mouvement des chars ennemis. Il confessait ainsi son incapacité à les affronter avec sa propre force, et se confiait dans la capacité de l’artillerie pour accomplir le travail qu’il ne pouvait pas faire.
Il ne semble guère nécessaire d’expliquer qu’une fois que l’artillerie avait localisé ces chars, ils étaient exposés à un danger extrême. Alors que des dizaines d’obus perforants sifflaient au-dessus de la tête de l’observateur en poste avancé, pénétraient un à un dans les chars et explosaient à l’intérieur, lui-même était un acteur de cette défense face au défi.
En tant qu’ « observateurs avancés » de Dieu dans ce monde dominé par Satan, par des démons et des hommes déchus, les chrétiens doivent apprendre à invoquer Jésus-Christ leur Seigneur. Aucun autre système n’a jamais vraiment fonctionné, et ne fonctionnera jamais.
Quelle est donc la « réponse » que chacun d’entre nous doit être prêt à donner à tous ceux qui nous demandent raison de notre espérance ? La réponse doit provenir de la Parole de Dieu, et non notre propre parole. Les pensées de Dieu sont bien au-dessus de nos pensées, et ses paroles pénètrent bien plus profondément dans le cœur des hommes que nos mots.
Dans tout effort sincère de gagner une âme, le croyant découvre rapidement que ses propres paroles sont mortes, inactives et ennuyeuses. Par contraste, « la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur » (Hébreux 4:12).
Christ le Seigneur a donné l’exemple apologétique pour tous les croyants, Lui qui par trois fois a défait Satan en citant des portions précises et appropriées de la Parole de Dieu, et avec la formule « Il est écrit ». Dans Sa confrontation avec les pharisiens incroyants en Jean 8:12-59, notre Seigneur fit constamment appel aux réalités spirituelles de base, comme le témoignage de Son Père, plutôt qu’aux signes-miracles. Il est à noter que « Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui » (v. 30).
Les chrétiens d’aujourd’hui n’ont-ils pas parfois le sentiment d’avoir une apologétique supérieure à celle de notre Seigneur, de Ses apôtres et de l’Église primitive, en raison des découvertes archéologiques, historiques, scientifiques et autres qui éclairent les Écritures ?
Si tel est le cas, ils n’ont pas réellement sanctifié le Seigneur Dieu dans leur cœur, et leurs réponses aux hommes perdus ne peuvent apporter ni conviction, ni conversion au sens biblique de ces termes. L’œuvre de Dieu doit se faire à la manière de Dieu si l’on veut qu’elle reçoive Son approbation (cf. 1 Corinthiens 3:10-15).
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[1] Par exemple, John Warwick Montgomery affirme fièrement : « Les positions non-chrétiennes doivent être détruites factuellement et la religion chrétienne établie factuellement. Toute procédure moins complète revient à l’abrogation de la responsabilité apologétique face à un monde déchu » (Once Upon An A Priori, dans Jerusalem and Athens, édité par E R Geehan [Nutley, NJ: Presbyterian and Reformed Publishing Co, 1971], p 388).
[2] Bernard Ramm a évidemment tout à fait tort de dire : « Si un homme a un préjugé contre l’Évangile, c’est la fonction de l’apologétique et des preuves d’ôter ce préjugé… L’apologétique et les preuves chrétiennes coupent court à ces objections afin de permettre à l’Évangile une nouvelle fois de confronter directement la conscience d’un homme » (Protestant Christian Evidences [Chicago: Moody Press, 1953], pp 15-16).
[3] Alors que le rationalisme pur de l’apologétique prétend que les incroyants peuvent être amenés directement dans le royaume par les arguments, le semi-rationalisme affirme que : « Le but de l’apologétique est toujours simplement d’éliminer les obstacles intellectuels afin que les Écritures et le Saint-Esprit puissent faire leur travail » (Edward John Carnell, How Every Christian Can Defend His Faith, dans Moody Monthly, Février 1950).